Longtemps, le travail du batelier relève de la besogne épuisante. La péniche chargée par les carriers, les deux bateliers doivent, jusqu'à 1895-1900 environ, la tirer chacun par une corde, en marchant au long du chemin de halage de part et d'autre du canal. Il leur faut 6 jours pour effectuer un aller-retour Blancafort-Lamotte-Beuvron : soit un parcourt moyen de 15 km par jour.
A partir de 1900, le mode de traction se transforme : les hommes sont remplacés par des ânes, mais se sont les bateliers qui doivent les acheter, ce qui représente environ 15 jours de travail. Il s'agit le plus souvent, de vieilles bêtes qui ont servi sur le canal de Briare et qu'on achète à la Foire. Ainsi, grâce aux ânes, les bateliers effectuent le même trajet en 4 jours et voient leurs conditions de travail s'améliorer très sensiblement.
La rémunération des bateliers n'apparaît guère alléchante, point de salaire fixe ; la compagnie des marnes leur accorde généreusement 1 F à 1,20 F par mètre cube de marne transporté entre Blancafort et Lamotte-Beuvron, soit un revenu mensuel variant entre 70 et 100 francs.
Les bateliers commencent leur journée de travail au levé du soleil, transportent leur cargaison de marne chargée à Blancafort ; à chaque écluse ils donnent un coup de trompe ou font claquer sèchement leur fouet afin de prévenir l'éclusière. L'écluse franchie, le "Berrichon" tracté par son âne poursuit lentement la navigation jusqu'à la suivante ou à une gare. Là, les bateliers doivent décharger la marne (terre argileuse qui sert à fabriquer le ciment), ce qui représente environ 10 à 11 heures de travail. Il reste alors à retourner vers Blancafort pour prendre une nouvelle cargaison. Les bateliers comme les carriers ne sont pas employés toute l'année ; l'hiver, le gel empêche l'extraction et le transport de marne durant quelques semaines : nos hommes vont alors couper leur bois de chauffage.
L'été, les paysans cessent de marner en raison des grands travaux agricoles. Bateliers et carriers s'engagent comme journaliers et ouvriers pour la fenaison et la moisson. C'est ainsi qu'ils se séparent de leur âne et à la Foire du 28 mai à Aubigny, le vendent moitié prix de ce qu'il l'avaient acheté.
(extrait du site de la ville de Lamotte Beuvron)